Le Français Anthony Cros attiré par les Capitales

(Québec) De prime abord, on ne songe pas à la France comme un pays de baseball. Pourtant, Anthony Cros fera tout pour décrocher le poste de 11e joueur de position chez les Capitales de Québec. «C'est un peu ma vie que je joue ici», soutient le voltigeur de Montpellier.
«C'est la dernière chance que j'ai de pouvoir jouer professionnel et il n'y a pas de raison pour que je ne me donne pas à 200 % pour y arriver», ajoute Cros - prononcer «crosse» -, avant de retourner sur le terrain du Stade municipal, en cette deuxième de 11 journées de camp d'entraînement. L'athlète de 24 ans se dit disposé à jouer à l'avant-champ ou même comme receveur, si le gérant Patrick Scalabrini le lui demande. L'Ontarien Kyle Gilligan lui livre une chaude lutte pour l'emploi de «joueur d'utilité», mais le statut de recrue de Cros lui confère un avantage.
«Le baseball, c'est vraiment ce que je veux faire», insiste celui qui a découvert le passe-temps favori des Américains à l'âge de six ans, à Vernon, en Colombie-Britannique. «Je jouais dans le jardin de ma grand-mère [maternelle]. Le fait d'avoir une batte dans les mains, ça m'a vraiment plu, ça m'a vraiment accroché.» Il a pourtant «perdu» les six années suivantes sur les pelouses de soccer, «parce qu'en France, le foot, c'est dans les gènes».
Mais à 12 ans, il décide de retourner à ses «premiers amours». Il quitte le Montpellier Hérault Sport Club, un des clubs de ballon rond les plus illustres de l'Hexagone, pour se joindre aux Barracudas de Montpellier. Un club de balle qui, même s'il est représenté dans la ligue la plus importante de France, n'a pas de gazon au champ extérieur de son terrain local. «À mon deuxième match, j'ai frappé le circuit gagnant avec deux coureurs sur les sentiers», se rappelle-t-il encore, comme si c'était hier.

Aligné en division élite dès l'âge de 16 ans, Cros prend la route canadienne à 19 ans et plante ses crampons à Kamloops, à 120 km de chez mamie. Il jouera à l'Université Thompson Rivers durant quatre années et une autre à l'Université Northwestern Oklahoma State. «Ma grand-mère veut que je m'informe si je peux compléter mes cours à l'Université Laval», glisse avec une grimace le presque bachelier en administration des affaires. Ses deux étés dans la Ligue majeure de l'Ouest, à Okotoks, en Alberta, lui ont donné un avant-goût de la vie de pro. «Il y avait en moyenne 1800 personnes à nos matchs, on était les stars de la ville!»
Dans un pays où le baseball fait plus office de curiosité que de sport - la France est au 28e rang du récent classement de la Fédération internationale de baseball, le Canada 7e -, la famille Cros se dégage du lot. «Mon père est président du club Barracudas, mon frère a joué durant trois ans ici [en Amérique du Nord] et ma soeur joue au softball», indique celui qui a été pistonné par Dany Scalabrini, le frère du gérant des Capitales, et Christian Chénard, l'instructeur adjoint des Diamants de Québec (junior). Les deux ont joué pour les Capitales et en France. Cros assure que les Capitales sont suivis, en France. «Du moins, la France du baseball, parce que c'est une équipe francophone.»
Olivier Bossé
Le Soleil